Zone grise : conserver mais atténuer le risque
La secousse est si forte que les organisations n’arrivent pas à dépasser ce nouveau cadre de pensée. L’arrêt de l’usage de services fournis par des sociétés sous la coupe de lois liberticides hors UE (ex: Amazon Web Services, les services web de Microsoft, Google, etc.) n’est pas envisageable. De nombreuses mesures indiquées dans la Recommandation 01/2020 sont presque impossibles à déployer de manière opérationnelle (cf. §44 « As a consequence, if the data importer or any further recipient to which the data importer may disclose the datafalls under 702 FISA, SCCs or other Article 46 GDPR transfer tools may only be relied upon for such transfer if additional supplementary technical measures make access to the data transferred impossible or ineffective », alors que justement l’un des moyens d’un traitement est justement de rendre ces données accessibles à son sous-traitant pour se décharger sur lui, et que le FISA est une loi étasunienne à portée extra-territoriale s’appliquant même aux filiales européennes d’une société basées aux USA et même à une Maison Mère disposant d’un établissement aux USA).
Alors les organisations concernées devraient chercher à couvrir le risque de manière économique, en prenant des assurances, en constituant des réserves, ou vont simplement ignorer ou accepter le risque tel qu’il est, éventuellement en prenant des mesures complémentaires (chiffrement, clauses contractuelles, engagements des sous-traitants…), tout en sachant que si elles peuvent réduire les impacts pour les personnes concernées comme pour elles-même, elles ne seront pour ainsi dire jamais totalement suffisantes pour couvrir réellement le risque.
Cette zone grise pour les organisations c’est potentiellement de nombreux activistes (dont les intentions porteront parfois sur les libertés publiques, parfois sur des questions de concurrence par exemple) en capacité de leur nuire (et à raison), car elles sont alors très vulnérables dans le contexte.
Cette zone grise c’est aussi un test pour l’État de Droit… Saurons-nous, en tant que population organisée, faire valoir et appliquer nos règles collectives, qui plus est quand elles visent à protéger nos libertés fondamentales ?