En 2025, selon le dernier baromètre de France Assureurs[1], le risque cyber est désormais sur la première marche du podium des préoccupations des entreprises, à égalité avec le dérèglement climatique. Attaques par rançongiciels, vols de données, usurpations d’identité, blocages d’activité… les menaces numériques se multiplient, avec de lourdes conséquences pour les entreprises et les personnes physiques. Pourtant, l’assurance cyber reste encore mal comprise, et souvent inadaptée aux besoins réels du terrain.

A-   Une offre d’assurance encore en retard sur la réalité du risque[2]

L’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en mai 2018 a redéfini la responsabilité juridique des entreprises en matière de traitement des données personnelles. Désormais, toute entreprise responsable de traitement doit mettre en œuvre les mesures techniques et organisationnelles appropriées pour garantir la sécurité de ses données, sous peine de sanctions financières lourdes infligées par les autorités de contrôle (comme la CNIL).

Cela crée un lien direct entre conformité RGPD et risques cyber : un vol de données ou une attaque informatique mal gérée peut déboucher sur une mise en cause de la responsabilité de l’entreprise.

Sur le plan assurantiel, s’il n’est pas possible en France de s’assurer contre les amendes administratives, d’autres questions émergent :

  • Dans quelles conditions une attaque cyber est-elle couverte ?

  • Quelles garanties sont exclues en cas de non-conformité ?

Dans le même temps, les cyberattaques, en particulier par rançongiciel, explosent. Elles causent non seulement des pertes financières importantes, mais aussi des cessations d’activité. Or, malgré l’urgence, l’offre d’assurance est contrainte par les exigences de la législation LCB-FT, notamment en matière de paiements de rançons. S’il est possible de s’assurer contre les rançons, tous les assureurs ne s’y risquent pas. Dans ce contexte, où l’offre d’assurance peine à suivre l’évolution rapide et complexe du risque cyber, les entreprises ont tout intérêt à adopter une démarche proactive. Avant de souscrire une assurance, encore faut-il savoir ce qu’elle peut réellement couvrir, dans quelles conditions, et surtout, ce qu’elle exige en retour. C’est tout l’objet du guide pratique qui suit : aider les organisations à poser les bonnes bases pour être assurable… et bien assurée.

 

B-   Guide pratique : que doit faire une entreprise avant de s'assurer ?

Si le recours à une assurance cyber peut faire partie d’une stratégie de gestion des risques, il ne s’improvise pas. Trop d’entreprises considèrent encore cette protection comme un simple produit de plus à souscrire, sans en comprendre les prérequis. Voici les grands repères à connaître :

1. Évaluer sa maturité numérique

Avant toute souscription, l’assureur exigera que l’entreprise ait mis en place un minimum de garanties techniques et organisationnelles :

  • gestion des accès,

  • sauvegardes régulières,

  • plan de réponse aux incidents,

  • sensibilisation du personnel,

  • conformité RGPD, etc.

Sans cela, le contrat peut être refusé ou vidé de sa substance par des clauses d’exclusion.

2. Adapter les garanties à vos risques spécifiques

Il n’existe pas de contrat unique valable pour tous. Vos garanties doivent être alignées sur :

  • la taille de votre structure,

  • la sensibilité des données traitées,

  • la typologie de vos clients (particuliers, secteur public, grands comptes),

  • la présence ou non d’un système d’information externalisé,

  • vos ressources internes en cybersécurité.

Un contrat bien calibré vous permettra de couvrir non seulement les pertes directes (remédiation, expertise, communication de crise), mais aussi les frais annexes : honoraires juridiques, notification à la CNIL, campagnes de communication en cas d’atteinte à la réputation, etc.

3. Choisir les bons interlocuteurs

Tous les courtiers ne sont pas formés à la réalité du risque cyber. Beaucoup proposent encore des contrats « catalogues » sans analyse fine des besoins. Il est fortement recommandé de :

  • solliciter plusieurs devis,

  • interroger des spécialistes du domaine,

  • faire auditer les garanties proposées par un DPO ou un RSSI indépendant.

En conclusion : ne pas tout attendre de l’assurance.

Une assurance ne remplace pas une politique de cybersécurité solide. Elle ne compense ni les impacts humains, ni la perte de confiance durable d’un client ou d’un partenaire. Elle ne répare pas l’atteinte à la réputation, ni le stress d’une équipe mobilisée jour et nuit pour faire face à une attaque.

Pire : l’effet pervers d’une couverture assurantielle mal comprise peut être un relâchement des équipes, qui pensent être « protégées » quoi qu’il arrive.

C’est pourquoi il est essentiel :

  • de ne pas attendre l’incident pour s’y intéresser,

  • de réévaluer régulièrement ses garanties à l’aune de l’évolution des menaces,

  • de connaître ses interlocuteurs internes et externes en cas de sinistre (assureur, prestataires de réponse à incident, conseil juridique, etc.).

[1] https://www.franceassureurs.fr/espace-presse/8e-cartographie-prospective-des-risques-assurance-dereglement-climatique-cyberattaques/

[2] Plus de détails dans le Rapport sur l’assurabilité des risques cyber du Haut Comité Juridique de la Place Financière de Paris

Exemples de garanties classiques :

📉 Pertes d’exploitation / interruption d’activité

  • Indemnisation de la perte de chiffre d'affaires liée à un arrêt ou ralentissement du système d'information.

  • Prise en charge des frais supplémentaires d’exploitation (ex : location de matériel, personnel temporaire).

🔧 Frais de gestion de crise

  • Honoraires d’experts techniques (forensic) pour identifier et éradiquer l’attaque.

  • Accompagnement psychologique, logistique ou opérationnel post-cyberattaque.

💸 Cyber-extorsion / ransomware

  • Négociation avec les cybercriminels.

  • Paiement ou remboursement de rançons (si licite dans le pays).

  • Frais de remise en état des systèmes chiffrés ou bloqués.

🧑‍💻 Reconstitution des données et systèmes

  • Restauration de données perdues ou corrompues.

  • Réinstallation de logiciels, mise à jour des systèmes.

🧾 Notification de violation de données (data breach)

  • Frais de notification aux personnes concernées (RGPD).

  • Mise en place d’un centre d’appel ou d’une surveillance de crédit (notamment aux USA).

🕵️ Enquête interne et audit post-incident

  • Frais d'enquête pour comprendre l'origine de l'attaque.

  • Conseils pour éviter la récurrence de l'incident.

🔄 Communication de crise / réputation

  • Prise en charge des frais de relations publiques.

Réputation en ligne, gestion des médias sociaux, monitoring post-crise

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